Joseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande GuerreJoseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande GuerreJoseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande Guerre

Jeudi 3 juillet 2014, le Musée de Picardie organisait sa première conférence au Centre culturel Le Safran d'Amiens, en lien avec l'exposition hors les murs Joseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande Guerre qui se tient là-bas, au Carré noir, jusqu'au 12 juillet.

Sabine Cazenave, directeur des musées d'Amiens, avait invité Nicolas Coutant (directeur du musée d'Elbeuf - attaché de conservation La Fabrique des savoirs - La Crea), ainsi que Lionel Dumarche (historien, retraité, ancien adjoint du Conservateur régional des Monuments Historiques) et Killian Penven (historien, Chargé de presse à l'office de Tourisme de Rouen), tous deux auteurs de Bouchor, le peintre de Freneuse (Ed. point de vues), à apporter leur éclairage sur le peintre qui vécut dans la petite ville de Seine-Maritime de 1886 à 1910.

 

Joseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande GuerreJoseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande GuerreJoseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande Guerre

Joseph-Félix Bouchor (1853-1937), artiste peintre paysagiste et portraitiste, aujourd'hui qualifié de "petit maître", naît à Paris dans une famille aisée. Il reçoit un enseignement académique auprès de Jules Lefebvre ou Benjamin-Constant. Épris de voyages, il part à l'aventure et décrit dans sa peinture les paysages exotiques qu'il a le souci de faire découvrir. À Paris, il accompagne son frère, le poète Maurice Bouchor (1855-1929), dans la vie de bohème montmartroise.

En 1886, il s'installe à Freneuse, en bord de Seine, dans l'ancien presbytère. C'est à cette époque que les peintres (Monet, Turner...) redécouvrent la Normandie dont l'accès est facile depuis Paris. Se mêlant volontiers aux villageois, Bouchor est particulièrement inspiré par les scènes de la vie agricole qu'il recompose en atelier et expose ou vend à Paris. Selon le critique d'art Alfred de Lostalot, "Monsieur Bouchor voit la campagne avec des yeux de poète" (L’Illustration, 1892). Plusieurs de ses toiles sont visibles dans la Salle du Conseil de Freneuse.

Joseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande GuerreJoseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande GuerreJoseph-Félix Bouchor, Portraits d'hommes dans la Grande Guerre

Lorsque la guerre éclate en 1914, il est - à 61 ans - trop vieux pour s'engager, mais il a des relations. Le Général Niox, directeur du Musée de l'Armée aux Invalides depuis 1905, l'autorise à se rendre sur le Front pour peindre. Bouchor n'a pas le statut officiel de peintres des armées, ce qui lui permet d'échapper à certaines contraintes (dont Félix Valloton se plaindra).

Vêtu de l'uniforme d'officier d'artillerie, il se déplace à l'arrière des lignes, principalement dans la Somme, pour y peindre paysages (maisons bombardées, églises en ruine...), scènes de la vie quotidienne des soldats (déplacements de troupes, camps de prisonniers...) ou portraits (le Général Joffre, le poète italien d'Annunzio, Néozélandais et Maoris, prisonniers bulgares...).

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Malgré ses demandes, Bouchor n'a pas la permission d'approcher les zones de combat. Ses tableaux, qui servent largement la propagande militaire, n'en ont pas moins valeur documentaire et illustrent à merveille le caractère mondial du conflit.

Sabine Cazenave considère que "le peintre a réalisé sa mission comme un reporter de guerre, juste à l'arrière, avec la distance nécessaire, sans jamais tomber dans le pathos. Quand il participe à la propagande, il le fait de manière consentie, sans se départir de son empathie et de sa grande curiosité."

Le peintre travaille son sujet sur des plaquettes de bois petit format (à la gouache, d'après Sabine Cazenave qui en vérifiera l'hypothèse) avant de les retranscrire à l'huile sur des toiles plus grandes. Il est rapide et efficace. Excellent portraitiste, il est capable de saisir très vite la personnalité de son modèle.

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Comme l'explique Lionel Dumarche, "Bouchor, qui a dû voir des horreurs, ne les ramène pas à sa peinture". L'homme se soumet sans doute à une censure à la fois officielle et personnelle. Au demeurant, la Première Guerre mondiale est une parenthèse dans son œuvre de peintre. Si cette période le marque sur le plan humain, elle n'a pas d'influence sur le plan artistique et ne remet pas son travail en cause. On est loin de la démarche d'un Otto Dix.

Après sa mort, Joseph-Félix Bouchor, qui n'a pas d'héritier, organise le legs de ses toiles selon les zones géographiques qu'elles représentent. C'est ainsi que le Musée de Picardie reçoit une trentaine de ses tableaux de guerre.

En pleine célébration du Centenaire de 14-18, le parcours et les toiles de Bouchor sont un témoignage précieux de la vie sur les champs de bataille. L'exposition visible au Safran se déplacera dans d'autres lieux. Un projet commun avec la Seine-Maritime verra en outre le jour à l'été 2015, afin de faire progresser la connaissance sur l’œuvre de Bouchor.

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Exposition au Carré noir du Safran
3 rue Georges Guynemer, 80 000 Amiens
Tél : 03 22 69 66 00 - safran@amiens-metropole.com
safran.amiens.fr
Lun : 14h à 18h - Mar, Mer, Jeu, Ven : 9h à 12h / 14h à 18h
Sam : 9h30 à 18h
Tag(s) : #Coups de coeur et curiosités

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