Jusqu'au 15 septembre 2014, le Centre Pompidou de Paris propose une exposition dédiée à Man Ray, Picabia et la revue Littérature (1922-1924). Vingt-six dessins de Francis Picabia (1879-1953), artiste aux multiples facettes (peinture, graphisme, écriture) sont ainsi présentés accompagnés de photographies de Man Ray ou de dessins originaux de Max Ernst et Robert Desnos.
L'aventure commence en 1922. André Breton, bientôt chef de file des surréalistes, est alors seul directeur de la revue Littérature qu'il a créée en 1919 avec Louis Aragon et Philippe Soupault. Il a l'idée de confier à Picabia - l'une des figures de proue du mouvement Dada - la réalisation des couvertures de la revue.
Neuf dessins seront publiés, les autres restant à l'état de projet. Ils succèdent au chapeau haut de forme à l'envers de l'Américain Man Ray, installé à Paris depuis 1921. Le scandaleux Sacré-Coeur qui sert de couverture au numéro 4 de la revue, donne immédiatement le ton et sera d'ailleurs le seul imprimé en rouge.
Les dessins suivants, tous tracés à l'encre noire présentent une certaine unité et ne reculent devant aucune provocation. La couverture du numéro 8 brocarde probablement Jean Cocteau et Marcel Proust, pour lesquels Picabia a peu d'estime.
La revue donne pour l'époque une large place à la photographie. L'exposition donne à voir de nombreux clichés de Man Ray, portraitiste attitré du groupe que forment les Breton, Aragon, Desnos, Queneau, Soupault, Éluard... Le fameux Violon d'Ingres qu'il imagine dans une pose de Kiki de Montparnasse, est publié en juin 1924 dans le dernier numéro de Littérature, jugé "démoralisant" par la rédaction.
Le dadaïsme s'est essoufflé. André Breton a cherché à explorer les voies de l'inconscient (démarche initiée par Rimbaud), et de nouvelles techniques d'écriture. Il instaure des séances de sommeils hypnotiques au cours desquelles le jeune poète Robert Desnos s'illustre particulièrement. Le Manifeste du surréalisme paraît en 1924 et, après la disparition définitive de Littérature, une nouvelle revue voit le jour : La Révolution surréaliste. Francis Picabia, qui a pris ses distances avec le groupe, ne fera pas partie de cette aventure-là.
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