Création de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à AmiensCréation de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à Amiens

Du 20 au 24 avril 2015, la Maison de la Culture d'Amiens accueille une nouvelle création de Denis Podalydès : La Mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck, précédée de Pour un tombeau d’Anatole de Stéphane Mallarmé. Cette pièce de 1894 est la dernière de la trilogie écrite pour le théâtre de marionnettes par le dramaturge belge, lauréat du prix Nobel en 1911.

 

Lors de sa conférence de presse vendredi 10 avril, le metteur en scène sociétaire de la Comédie-Française explique très bien le paradoxe Maeterlinck qui aimait et en même temps détestait le théâtre. Les marionnettes étaient surtout pour lui une manière d'exprimer "son rêve de vider le plateau du superflu et de rendre la scène à sa puissance symbolique".

 

Il faut dire qu'à la fin du XIXe siècle, le théâtre est le média par excellence. Certains acteurs sont de telles vedettes qu'ils en éclipsent leurs rôles. En réaction à cette superficialité et à l'industrialisation massive qui effraie alors, le mouvement symboliste, auquel appartiennent Maurice Maeterlinck et Stéphane Mallarmé, célèbre le dépouillement, le mystère et la vie intérieure.

Création de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à AmiensCréation de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à Amiens

Dans La Mort de Tintagiles, le jeune héros éponyme revient sur l'île où sa grand-mère, une reine invisible mais terrifiante, l'a fait rappeler depuis son château au fond de la vallée. Malgré ses efforts, sa sœur Ygraine, ne peut le sauver de la menace qui pèse sur lui : [Ygraine] "Ta première nuit sera mauvaise, Tintagiles. La mer hurle déjà autour de nous ; et les arbres se plaignent. Il est tard. La lune est sur le point de se coucher derrière les peupliers qui étouffent le palais..."

 

Selon Podalydès, "c'est dans le coeur de l'intime que Maeterlinck cherche la tragédie, dans le quotidien où peut se manifester l'impalpable." Pas d'action spectaculaire dans ce théâtre qui plonge dans les racines médiévales (Cf. Tintagel, lieu de naissance du roi Arthur) et n'a de cesse de convoquer l'invisible et l'imagination à travers une langue belle mais économe.

Création de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à AmiensCréation de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à Amiens

Dès lors, la grande difficulté pour le metteur en scène est de "représenter l'irreprésentable, de rendre matériel ce qui ne l'est pas." Le spectacle prendra ici la forme d'un conte musical sous la direction de Christophe Coin, qui fut à la tête de l’Ensemble baroque de Limoges jusqu'en 2013, et avec lequel il a déjà collaboré en 2012 sur Le Bourgeois gentilhomme. C'est cette rencontre décisive qui a convaincu Denis Podalydès, "fasciné par la beauté et les trouvailles du musicien" d'accepter le défi, déjà relevé par Claude Régy en 1997.

Christophe Coin et Garth Knox - musicien d'exception d'origines écossaise et irlandaise - feront entendre aux spectateurs des musiques et chants composés spécialement pour La mort de Tintagiles par Jean Nouguès (1875-1932) ou Eugène Cools (1877-1936), des morceaux de Béla Bartók (1881-1945), des ballades irlandaises, des instruments à cordes sympathiques (viole d'amour ou harpe éolienne)... 

Création de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à AmiensCréation de La mort de Tintagiles par Denis Podalydès à Amiens

Le prologue du spectacle, des fragments de Pour un tombeau d'Anatole de Stéphane Mallarmé, durera une dizaine de minutes et sera également musical. Le poète, contemporain de Maeterlinck, rédigea ces quelques feuillets après la mort en 1879 de son fils Anatole, alors âgé de huit ans : "que ma pensée / lui fasse une / vie plus belle / plus pure // lutte / des deux / père et fils / l’un pour / conserver fils en / pensée – idéal - / l’autre pour / vivre, en se relevant / etc - / ..."

La lecture mallarméenne vise à "créer un sas permettant au public d'entrer dans une attitude de recueillement qui ne doit pas être guindée pour autant". Si la question de la mort d'un innocent (qui sera matérialisé sur scène par une marionnette) est au coeur des deux oeuvres, Denis Podalydès ne souhaite surtout pas créer un spectacle triste. "Maeterlinck et Mallarmé savent parler de la mort sans être morbides, explique-t-il. Ils ont en commun une sorte de mysticisme sans dieu, une recherche du sacré sans dogme qui m'intéresse, mais il n'est pas question non plus de verser dans l'ésotérisme !"

 

À partir du 20 avril, les spectateurs de la Maison de la Culture dirigée par Gilbert Fillinger (en photo) sauront de quelle manière Denis Podalydès a surmonté les contraintes techniques et "matérialisé le rêve" de porter sur scène La mort de Tintagiles, une pièce du répertoire dont il n'a pas l'habitude et qui se dérobe par essence à la représentation théâtrale.

 

 

LA MORT DE TINTAGILES

De Maurice Maeterlinck
Prologue : Pour un tombeau d’Anatole de Stéphane Mallarmé
Mise en scène : Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française
Conception musicale : Christophe Coin et Garth Knox
Scénographie : Olivier Brichet
Lumières : Stéphanie Daniel
Costumes : Géraldine Ingremeau
Création sonore : Bernard Vallery
Avec
Christophe Coin (violoncelle et baryton à cordes)
Adrien Gamba Gontard (Tintagiles)
Garth Knox (Aglovale, alto, viole)
Leslie Menu (Ygraine)
Clara Noël (Bellangère)
Durée : 1h10 (à confirmer)
TOURNÉE
Du 20 au 24 avril 2015 Maison de la Culture d’Amiens
Les 5 et 6 mai 2015 Opéra de Massy
Du 12 au 28 mai 2015 Théâtre des Bouffes du Nord
Le 19 janvier 2016 Espace Jean Legendre, Compiègne

 

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Tag(s) : #Coups de coeur et curiosités

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