156 pages & 120 photos en quadrichromie Édition Images et Territoires Préface : Alain Souchon - Henri Sannier Format : 24 X 23 cm ISBN : 978-2-9540261-2-1 Décembre 2015 - prix : 29 €
Quatrième de couverture : "La Baie de Somme est ainsi : pure, brute, humble et magnifique. Une pépite nichée au coeur du territoire, éprise d'absolu, restée telle qu'en elle-même, sourde aux bruissements des passions éphémères. Simple en apparence, bouillonnante en réalité, ne cherchant pas à exposer ses atours mais les laissant deviner aux âmes curieuses, se donnant à qui la mérite. Ce livre lui rend hommage, ainsi qu'à tous ceux qui vibrent et travaillent avec elle."
Après Visages d'un fleuve : la Somme(Ed. Images et territoires) qu'il présentait au dernier Salon du livre d'Albert, et son remarquable Tour du Mont-Blanc(Ed. Images et territoires) primé au Salon international du livre de montagne de Passy, le photographe Pascal Bachelet, né à Abbeville, revient à ses racines avec Baie de Somme (Ed. Images et territoires), nouvelle formule d'un ouvrage paru en 2007.
Les textes - vifs et poétiques - sont signés par la journaliste isarienne Laurence Debril et organisés par thème ("Les Tourelles", "Lumière", "Ramasseur de salicorne", "Phoques", "Sauvetage en mer"...). Elle s'est éprise de la baie dans les années 90 et n'a de cesse depuis, de la faire découvrir et aimer. Le livre sert à coup sûr ce dessein. Comment, en effet, ne pas se passionner pour cette baie impermanente et sublime, qui mêle dans une harmonie troublante la rudesse et la fragilité ?
"Pas besoin de fioritures, la baie se donne telle qu'elle est, sans vanité, les traits libres de tout maquillage. L'une des expressions clés associée à la région par les visiteurs est « être soi-même ». C'est à la vérité que pousse la baie : ici, on peut être au plus près de soi. C'est bien cette authenticité, devenue finalement si rare, que l'on se délecte de trouver ici, quasiment intacte."
Et c'est précisément cette authenticité qui émane de chacune des photos argentiques de Pascal Bachelet. Un cadrage réussi au service de l'instant et de cette lumière extraordinaire qui enveloppe toute la baie où "vouloir distinguer le haut du bas, le bleu du vert, l'ocre du rose, la terre de la mer, le solide du liquide, paraît très vite vain".
Baie de Somme n'est pas un livre désincarné. Au-delà de ses paysages à couper le souffle, il nous montre les aspects économiques et touristiques de cette baievia les activités très spécifiques qui s'y déploient. L'approche est toujours humaine. Le photographe n'est pas un simple "voleur d'images" ; il va à la rencontre de ses sujets, prend le temps de faire connaissance. Il envisage toujours son métier comme un partage, et Laurence Debril a eu la même démarche.
Gros plans, donc, sur Bébé Derosière, pêcheur à la crevette du Crotoy dont la "vie s'est calée sur le calendrier des marées et les cycles de vie des animaux marins", Roland Mointrel, éleveur de moutons de l'Estran, ces ovins de pré-salés à "la viande rosée, moelleuse et ferme à la fois, aux saveurs délicatement persillées", Jean-Michel Deloison, charpentier de marine occupé "à inventer, bâtir et ressusciter les bateaux depuis 1962", Patrice Binet, "l'un des principaux mytiliculteurs de la région [...] qui gère, en famille, plus de 16 000 pieux" et dont les moules de Bouchot sont revendues dans les restaurants ou poissonneries de la région, Philippe Caruette, ornithologue du Marquenterre "dont le doux regard bleu scrute inlassablement les airs de la baie", et bien d'autres encore.
C'est à tous ces hommes et femmes que le livre rend hommage. Ils vivent dans leur élément, en lien étroit avec une nature indomptable qui consent à être approchée par ceux qui la méritent. La baie est "une pépite" riche de nombreux trésors. Elle fournit 90 % de la production nationale de salicorne, cette plante halophile "qui ressemble à une herbe de sorcière, toute tordue, esthétiquement à mi-chemin entre l'asperge et le chandelier végétal." Ses civelles, alevins d'anguilles nés aux Caraïbes qu'une vingtaine de professionnels ont l'autorisation de pêcher en Picardie, sont directement envoyées en Chine où elles sont élevées puis expédiées vers le Japon, la Corée du sud ou Taïwan ; là où l'anguille est très appréciée.
L'emblématique cheval Henson, né dans les années 70 du croisement entre des anglo-arabes et des poneys Fjord norvégiens, vit aujourd'hui dans la baie en semi-liberté. Le Chemin de fer de la Baie de Somme et son antique locomotive promènent chaque année 190 000 voyageurs entre Le Crotoy et Cayeux, grâce à un groupe de "ferrovipathes" opiniâtres. Quant aux phoques de la baie, "placides mais très farouches", ils forment ici la plus grande colonie de France.
Deux textes composent la préface de Baie de Somme. L'un est écrit par le journaliste sportif Henri Sannier, maire de la commune d'Eaucourt-sur-Somme : "j’ai l’impression que l’immensité du lieu transcende l’imagination et qu’elle fait resurgir en moi toutes les images qui ont illustré mes jeunes années." L'autre est d'Alain Souchon qui allait en vacances au Crotoy chez ses grands-parents quand il était enfant. Aux paroles de sa chanson On avance (1983), il ajoute quelques souvenirs et conclut justement :"La baie est pleine de fleuves, de rivières. C'est un monde à part. Une mer différente, unique."