Jacques Darras, poète, essayiste et traducteur, Grand prix de poésie de l’Académie française 2006, a été accueilli en tant que membre d’honneur de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts d’Amiens, lors d’une réception publique solennelle qui s’est déroulée à la Comédie de Picardie le 2 octobre 2024.
C’est le Professeur Bernard Devauchelle, membre titulaire de l’Académie fondée en 1750, qui l’a présenté. Puis Jacques Darras a évoqué son arrivée à Amiens en octobre 1969 comme assistant à l’Université de Picardie fraîchement créée, qui lui laisse « le souvenir d’une collectivité bourdonnante, ouverte à tous les savoirs ». C’est à cette époque qu’il s’est pris d’intérêt pour les « poètes arrageois des grands-places et du plein air. » « Plutôt Jean Bodel et Adam de la Halle que Mallarmé » ! Voir son anthologie Du cloître à la place publique (Poésie/Gallimard, 2017)
Après un détour par un « autre chapitre de [son] roman personnel », les éditions Trois Cailloux qu’il installa à la Maison de la culture en 1983, Jacques Darras s’est attardé sur le chirurgien chanoine Richard de Fournival (1201-1260). Une figure littéraire méconnue dont une rue amiénoise porte le nom. « Un très grand écrivain », auteur d’un Bestiaire d’amour (1245), roman en prose qui connut un vif succès. Bibliophile, il s’était constitué une bibliothèque inventoriée de 162 volumes qui sera léguée à Robert de Sorbon, fondateur de la Sorbonne. « Modèle de savoir et de transmission universels », il mériterait selon Jacques Darras, que la bibliothèque municipale d’Amiens ose se renommer « bibliothèque Richard de Fournival » !
Selon la tradition, Bernard Devauchelle a repris la parole pour un « discours-réponse » consacré à la personnalité qui a donné son nom à la rue Sylvius : Jacques Dubois ou Jacobus Sylvius Ambianus (1478-1555). Médecin et anatomiste, il fut l’auteur d’une Introduction à la langue française suivie d’une grammaire (1531). En fin de séance, Violette Garnier, secrétaire perpétuel de l’Académie, a lu des extraits de textes de Jacques Darras avant de remettre au poète son insigne, avec la complicité de Daniel Compère, Chancelier annuel.