Rencontre avec Benoît Duteurtre
Benoît Duteurtre nous accorde un entretien au sujet de son dernier roman : Ballets Roses (Ed. Grasset). Dans cet ouvrage, il ressuscite la France des années 50 à travers son récit de la fameuse affaire de mœurs dans laquelle fut condamné André Le Troquer, ancien président de l'Assemblée Nationale (soit le numéro 2 dans la hiérarchie de l’État à cette époque). Le nom de "Ballets Roses" inventé alors par un journaliste, sera ensuite repris à l'occasion d'autres affaires de mœurs.
Personnalité incontournable du monde politique sous la IVème république, symbole d'une ascension sociale obtenue au mérite, André Le Troquer fut résistant, et avocat de Léon Blum lors du procès de Riom, durant la Seconde Guerre mondiale.
À l'initiative du régime de Vichy, il s'agissait dans ce procès, de juger les politiques de la IIIe République française pour leurs responsabilités dans la défaite de 1940. Ce procès ne fut jamais terminé, les accusés commençant à prouver que c'était l'Armée française (notamment de nombreux dignitaires du nouveau régime) et non les politiques qui étaient responsables.
Léon Blum au procès de Riom
Benoît Duteurtre retrace le parcours de Le Troquer, entre gloire et décadence, et pointe du doigt les contradictions du personnage: Mais sans doute aussi l'exercice du pouvoir pousse-t-il maint notable à regarder chacun de ses désirs comme une nécessité
. C'est le tempérament sexuel débridé de Le Troquer qui l'entraîne (en compagnie de sa maîtresse, la fausse comtesse roumaine Elisabeth de Pinajeff), au coeur de ces sordides "ballets roses" où des jeunes filles (de 14 à 18 ans) sont manipulées et abusées pour le plaisir de quelques notables.
Le livre de Duteurtre prend une nouvelle dimension quand on sait que celui-ci n'est autre que l'arrière-petit-fils de René Coty, dernier président de la IVème République à l'époque justement où l'affaire éclate. C'est René Coty qui favorise le retour du Général de Gaulle au pouvoir en 1958, et la marche vers la Vème République, en parfait désaccord avec André Le Troquer.
René Coty et le Général de Gaulle
Dans l'affaire des Ballets Roses, le chef d'orchestre est un certain Merlu, faux-policier ancien chauffeur à la DST, que Benoît Duteurtre parvient à retrouver, à 82 ans, dans son ex-restaurant "Merlu, mon amour", rue de la Butte-Montmartre. La réalité dépasse souvent la fiction dans cette histoire où défile une multitude de personnages hauts-en-couleurs, que le romancier Duteurtre fait parfaitement revivre sous nos yeux.
Il a fourni un travail de recherche important pour demeurer dans l'exactitude historique. Ce travail alimente d'ailleurs son récit, qui est aussi l'occasion d'une réflexion sur l'évolution de notre société et de ses usages par rapport à ceux de cette France disparue. Il en résulte un ouvrage d'un genre inclassable, entre le journalisme d'investigation, la reconstitution historique, et le roman. Dans le style de Duteurtre : pas de fioritures. L'écriture est limpide, la forme est au service du fond. Mon idéal c'est presque que le style s'efface, qu'il n'ait l'air de rien et qu'il disparaisse un petit peu sous ce qu'il est en train de nous raconter
(Benoît Duteurtre).
Poursuivre avec Benoît Duteurtre
Même barbare et sanguinaire, l'histoire me rassure. J'ai besoin de sentir cette perspective, ce chemin parcouru, ce qui a changé et ce qui est resté.
(Chemins de Fer)
A 50 ans, Florence dirige une agence de communication parisienne. Elle a réussi sa carrière et apprécie l'exaltation de ce métier, à condition de pouvoir se réfugier régulièrement dans sa maison à la montagne. Dès que possible, elle s'y rend joyeusement en empruntant le train. Dans sa montagne, elle apprécie de vivre à l'ancienne au rythme des saisons, jouissant d'un environnement authentique et jusque-là préservé.
Au fur et à mesure de ses voyages ferroviaires, elle a pris l'habitude d'examiner quels changements s'opéraient dans l'organisation de la SNCF. Elle y voit les signes de la disparition d'un mode de vie et d'une certaine France, au profit d'une société où -sous-couvert de modernité- la recherche du profit est permanente. Réduire les coûts et faire de la SNCF une entreprise compétitive, ont sur les trajets de Florence, des répercussions qui la désolent.
La vie rustique qu'elle mène dans sa maison la console, mais un jour un réverbère est installé devant chez elle. La modernité fait irruption jusque dans sa montagne, à la grande joie des villageois ravis d'accéder au confort citadin. Pour Florence la Parisienne, c'est une agression que vient bientôt confirmer l'installation de poubelles de tri sélectif. Furieuse, elle s'en va-t-en guerre afin de protéger un monde voué à disparaître...
3 rue des Vergeaux - 80000 Amiens
03 22 71 54 54
Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h sans interruption
Site Internet de vente en ligne: www.librairiemartelle.com
Lire, c'est délire 2009 avec Cathy Ytak
Reportage à la minute 12 de l'émission
L'opération "Lire, c'est délire" s'adresse depuis 2004 aux jeunes de 11 à 16 ans. Une sélection de livres est mise à leur disposition tout l'été dans les bibliothèques ou centres de loisirs du département. Ils sont invités à envoyer une carte postale avec leur avis sur l'un des titres de la sélection. En échange, ils se voient offrir un chèque-livre de huit euros.
Une façon originale de promouvoir la lecture... et l'écriture !
Carte à envoyer jusqu'au 04 septembre 2009 à l'adresse suivante :
DRDJS-Lire c'est délire
20 square Friant
Les 4 chênes
80 039 AMIENS cedex 1
La sélection 2009 se compose de dix livres de genres différents :
Le dixième ouvrage en lice est le roman de Cathy Itak, que nous avons rencontrée à la bibliothèque départementale...
Cathy Ytak fait partie de la sélection d'auteurs de "Lire, c'est délire 2009". Elle a travaillé un temps chez Encrage Édition à Amiens. Aujourd'hui, elle partage sa vie entre Paris et le Haut-Doubs. Elle est également traductrice de Catalan.
Dans Rien que ta peau (Ed. Actes Sud), Louvine une jeune fille lente sur le plan intellectuel, obsédée par les couleurs, raconte sa première histoire d'amour avec Mathis, un garçon qui la comprend enfin. Dans cet amour naissant, ils sont seuls contre les parents de Louvine et le monde adulte qui les entoure. Seuls contre tous.
Cathy Ytak trouve le ton juste dans cette histoire de première fois et de différence. Elle nous fait entrer dans l'esprit de Louvine, et nous donne à écouter sa voix et ses désirs si souvent incompris. Le texte est fort. Tout comme la relation qui s'installe entre Louvine et Mathis : volcan au coeur d'un bloc de glace.
Poursuivre avec Cathy Ytak
Jérémie, 19 ans, assiste à la mort de son ami Adrien alors qu'ils se promènent tous les deux sur un sentier de randonnée escarpé. Adrien bascule dans le vide, et la vie de Jérémie aussi. Comment survivre à l'absence de l'ami d'enfance ? Que s'est-il passé ? Le processus de deuil implique de répondre à ces questions pour Jérémie, qui se lance dans une enquête haletante. Il remonte le fil de la vie d'Adrien jusqu'à la vérité qui va lui permettre de comprendre et de grandir, tout simplement. En chemin, il fait des rencontres qui le soutiennent dans sa quête, au rythme du slam poétique de Souleymane Diamanka.
Ça sert à quoi les mots ? C'est du plaisir solitaire à partager... Des fleurs de mots, c'est de l'amour en phrase
Le sujet est douloureux mais Cathy Ytak ne tombe jamais dans le pathétique ou la facilité. L'émotion est juste. Pour les ados ou les adultes.
www.cathy-ytak.net et son blog: www.ytak.fr