Mercredi 12 décembre 2012 avait lieu la clôture du concours d'écriture "Dire le non-visuel" organisé par la MAAM (Maison des Associations d'Amiens Métropole) à la Briqueterie, rue Lescouvé à
Amiens. Ce concours a vu le jour en 2009 suite au bicentenaire de la naissance de Louis Braille. Il a pour but de "sensibiliser la population au handicap visuel et de permettre la pratique
d’une activité sociale et culturelle à tout âge."
Le principe ? Des ateliers d'écriture sur le thème du handicap visuel sont organisés avec des publics variés, en partenariat avec des associations de la métropole. Au cours de ces ateliers conduits par des écrivains, des témoignages sont apportés par des membres d'associations qui soutiennent les personnes aveugles ou malvoyantes.
L'APICADEV (Association Picarde des Aveugles et Déficients Visuels) et le Fil
d'Ariane (Association des Personnes Aveugles et Malvoyantes en Picardie) étaient membres du jury auquel a également participé pour la première fois le CR2L Picardie. Les textes retenus ont été imprimés en
braille et en gros caractères dans un recueil présenté au cours de la fête de clôture. Celui-ci a été réalisé par l'APICADEV qui y a même ajouté un alphabet braille avec des explications pour les
non initiés.
Quatre prix ont été attribués. Le premier pour la qualité littéraire : Doudou en voyage, produit lors d'un atelier mené par Éléonore Lelong auprès des enfants de l'ACIP (Association
Cultures Insertion et Prévention). Quelques-uns ont lu - non sans fierté - l'histoire qu'ils ont écrite.
"La nuit est déjà tombée dans le désert d'Anabé. Allongé dans son lit, Doudou espère que, ce soir encore, ses rêves l'emmèneront en voyage." Éléonore a souligné l'intérêt de ces ateliers
qui, au-delà de l'ouverture aux autres, peuvent désacraliser l'écriture et la lecture, et décomplexer certains enfants en difficulté scolaire.
Le jury a salué ensuite le travail de sensibilisation au handicap visuel, développé par Sébastien Kwiek et les enfants de la Maison Pour Tous de Rivery. Ils ont ensemble réfléchi autour du petit
Anis, non-voyant âgé de six ans et scolarisé en CP à l'école Jean Cayeux de Rivery. Au cours de plusieurs ateliers, ils ont pu échanger avec lui au sujet de son handicap, approcher son état en se
bandant les yeux, réagir à ses questions.
"Pourquoi vous ne jouez pas avec moi dans la cour de récréation de l'école ? Moi, j'aimerais bien jouer avec vous à touche-touche et à trappe-trappe. Parce que tout le monde me laisse
toujours tout seul en plein milieu de la cour. Moi, je vous entends et je trouve que c'est pas bien parce que moi, je voudrais être votre copain."
Dommage qu'Anis n'ait pu être présent lors de cette clôture du concours, on aurait aimé mettre un visage sur des propos si sensibles et si sages à la fois. Sébastien Kwiek a pris le parti
d'accompagner et de mettre en avant la parole des enfants lors de ces ateliers enrichissants pour tous les participants.
Une démarche originale a été choisie par l'auteur et conteuse Catherine Petit, en partenariat avec le Centre Culturel Léo Lagrange, représenté par Clémence Boulfroy. Elles sont allées à la
rencontre des habitants du quartier Saint-Maurice dans différents lieux de leur quotidien (gymnase, PMI, jardins ouvriers...) et leur ont demandé comment ils imaginaient le fait d'être aveugle,
et comment ils décriraient leur quartier s'ils étaient privés de la vue.
Avec le talent qui la caractérise, Catherine Petit a donné lecture du texte rédigé à partir d'une sélection de propos recueillis. Plusieurs voix réunies en une seule pour dire notre
incompréhension de voyants, notre ignorance, notre compassion, notre bêtise parfois. "Dès qu'on rencontre quelqu'un, on cherche le regard, alors, forcément avec un aveugle, ça impressionne.
Ils ont de tout comme nous, sauf qu'ils ne voient pas. Ne pas voir, c'est mystérieux."
L'association Claire Joie, accueil de jour pour adultes handicapés, a reçu le Prix coup de coeur du jury, pour le texte réalisé avec l'écrivain Philippe Lacoche lors d'ateliers à la Maison de
Jules Verne. Caramel de Fainéant et René l'angoissé est une histoire touchante évoquant le désarroi d'un non-voyant dont le chien guide est malade, et qui ne peut le conduire chez le
vétérinaire, faute d'une autonomie suffisante. Ce regard d'un handicap sur un autre, et l'implication des participants qui ont souhaité prolonger l'aventure en BD, sont particulièrement
éloquents.
Lors de cet après-midi, Pierre Hoppeler, président de l'association Le Fil d'Ariane, aveugle depuis 1976 (à l’âge de 46 ans) a pris la
parole. Avec des mots adaptés aux enfants présents, il a expliqué ce que perdre la vue signifait : "on perd son statut d'homme libre, sa mobilité, son emploi. Quand on regarde dans la glace, il n'y a plus personne. On a toujours quelque chose à demander, et peu à donner en compensation. On
est malheureux parce que dépendant. Mais quand on a réussi à accepter de ne plus voir, ça va beaucoup mieux. On découvre tout ce qu'il est encore possible de faire. Le plus important, c'est la
stimulation par l'exemple, c'est ce que nous faisons à l'association pour que les gens reprennent pied dans la vie".
L'édition 2012 du concours "Dire le non-visuel" a confirmé l'intérêt de la démarche portée par la MAAM, pour les autres associations. Elle permet de croiser les publics et les générations, les valides et les handicapés, de développer la coopération interassociative. Les rencontres vécues à cette occasion donnent lieu à des témoignages et à des mises en texte qui valorisent tous les participants. En plus de faire progresser la compréhension du public à l'égard du handicap visuel, l'expérience a le mérite de créer du lien social.
Voir ICI le reportage consacré à l'association Le Fil d'Ariane sur TV Amiens en 2009
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