Mercredi 17 octobre 2012, l'auteur et illustrateur Frédéric Clément était de passage à la bibliothèque Louis Aragon d'Amiens, en partenariat avec la Librairie Pages d'Encre, dans le cadre des 2èmes Rendez-vous Lecture en Picardie organisés par le CR2L (Centre Régional Livre et Lecture). Il est l'auteur de l'affiche de la manifestation.

Frédéric Clément a longtemps illustré des livres pour la jeunesse, et reçu de nombreux prix tels que le Prix international de la biennale de l'illustration à Bratislava en 1983, et le Prix international de la Foire du livre de jeunesse de Bologne en 1996. Il s'est mis peu à peu à créer ses propres histoires, à poser des images sur ses propres textes, à y intégrer la photographie. Albums pour enfants, romans, haïkus, "beaux-livres-fiction" pour adultes : la production artistique de Frédéric Clément est inclassable, une sorte de bric-à-brac poétique à l'esthétique très séduisante.

"Alors voilà, permettez-moi de me présenter : Frédéric Tic Tic, marchand d’allumettes, d’amulettes, de miroirs, d’alouettes, représentant en temps et en heure, colporteur de merveilles, pour fêtes et anniversaires, sur les chemins de terre, dans les chemins de fer. J'ai sûrement une merveilleuse merveille,  une folie douce qui vous tentera. Accordez-moi, voulez-vous,  quelques instants d'attention, j'aimerais vous présenter ma collection de collections." (Magasin Zinzin)
 



L'écriture de Frédéric Clément est de son propre aveu, très travaillée, ciselée voire sculptée. "Je n'ai pas envie d'écrire pour être seulement narrateur, de raconter pour raconter, dit-il. Les sons, le rythme, les césures sont importants. Je refuse que le sens et le son aillent l'un sans l'autre lorsque j'écris. Si ça devait être le cas, j'en resterais à l'image".

"La scène était si étrange, si troublante, la Marquise si exquise, et le dîner si muet, que, entre deux bouchées, entre deux verres de vin, j'osai croquer à la pierre noire sur mon carnet la Marquise penchée, la vallée d'ivoire, le delta de veines bleues, le scarabée d'ébène et les deux Bouddhas ronds. Tournis." (Grains de beautés et autres minuties d'un collectionneur de mouches)

À l'origine d'un livre de Frédéric Clément, il y a un synopsis qu'il présente à son éditeur : "je ne pars pas à l'aventure" explique-t-il. Les mots viennent les premiers, même si l'image s'y mêle rapidement dans son esprit. En pratique, il y aura cependant un temps pour l'écriture, et un temps graphique, parfois éloignés de plusieurs mois. À partir du synopsis, il imagine avec l'éditeur le format du livre, et participe largement à l'élaboration de ses parties techniques.


 

 

Depuis Le Livre épuisé (1995), Frédéric Clément a commencé à glisser dans ses ouvrages des objets qui font partie intégrante de l'illustration. Une envie qu'il n'explique pas, issue de confluences entre différentes choses engrangées dans son esprit. Cette volonté s'est concrétisée avec Magasin zinzin.

Il s'était ouvert à l'art contemporain et au travail d'artistes tels qu'Annette Messager. À cette époque, l'illustration lui semblait sage. "Je suis allé ailleurs. Je me suis dit que l'on pouvait mettre cela dans les livres. Par exemple, la photographie que j'adorais." Tout ce travail de recherche s'est mêlé à des sensations resurgies de son enfance au contact d'une mère et d'une grand-mère couturière, qui tenaient un magasin de confection lingerie. Aiguilles, papier de soie, fils et rubans... l'objet est une relique.

 

 

Son dernier ouvrage, Lubie est paru en octobre aux Éditions Albin Michel jeunesse. C'est un livre assez classique et rond selon l'auteur, avec un début et une fin. Son idée de départ était d'explorer la relation père et enfant artistes. Il souhaitait initialement travailler sur le Japon qui le passionne, mais son éditeur a refusé le projet. L'histoire s'est déplacée chez les peintres flamands "qui font aussi partie de son mille-feuille" avec Pieter et Jan Brueghel, un père et son fils.

Pour travailler, Frédéric se lève de bonne heure et profite de son état "un peu somnambule". C'est le moment où il est le plus audacieux, dans les idées comme dans la grammaire. "Pour être singulier, mon temps est le très petit matin. Je suis beaucoup plus sage dans l'après-midi", déclare-t-il. Il a besoin de cette heure où les barrières sociales ne sont pas encore levées, il n'envisagerait pas l'écriture autrement. Et à entendre ses échanges avec une salle conquise par son travail, il a raison de procéder de la sorte !

 


Une exposition consacrée à l'artiste et aux thèmes qui affleurent dans son œuvre (L’Ailleurs, le Voyage, les Circumnavigations, L’Envol, le Déracinement, l’Exil, Le Rêve, le Cauchemar et le Théâtre du Monde) est visible dans plusieurs bibliothèques picardes participant aux Rendez-vous Lecture. Notez en outre que le(s) Rêve(s) continue(nt) dans la région jusqu'au 2 novembre ! Voir le programme ICI.

Cliquez sur ICI pour accéder au site de Frédéric Clément
Frédéric Clément : un artiste pluriel... et singulierFrédéric Clément : un artiste pluriel... et singulier
10 rue Jean Catelas 80000 Amiens
TEL : 03.22.80.17.64
FAX : 03.22.80.93.92
cr2l-picardie.org

Tag(s) : #Coups de coeur et curiosités

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