Rencontre avec Bruno Putzulu pour Caligula
Direction la Comédie de Picardie avec Bruno Putzulu qui incarne le rôle titre dans le Caligula d'Albert Camus mis en scène par Stéphane Olivié Bisson. C'est la version primitive de 1941 rarement montée auparavant, qui est ici présentée. Le metteur en scène y voit "un premier geste plus intuitif, plus instinctif, plus ambigu et plus extrême" que les versions qui ont suivi.
© Letizia Piantoni
Caligula est le troisième empereur romain. Il a régné de 37 à 41, succédant à Tibère. Caius Augustus Germanicus, dit "Caligula" ("petite sandale" en latin), est le fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée. Pendant six mois, on dit qu'il fut un empereur juste et libéral, avant que son règne ne bascule dans la cruauté.
Albert Camus présentait sa pièce dans l'édition américaine du Théâtre en 1957 en écrivant : "Caligula, prince relativement aimable jusque là, s'aperçoit à la mort de Drusilla, sa sœur et sa maîtresse, que "les hommes meurent et ils ne sont pas heureux". Dès lors, obsédé par la quête de l'absolu, empoisonné de mépris et d'horreur, il tente d'exercer, par le meurtre et la perversion systématique de toutes les valeurs, une liberté dont il découvrira pour finir qu'elle n'est pas la bonne. Il récuse l'amitié et l'amour, la simple solidarité humaine, le bien et le mal. Il prend au mot ceux qui l'entourent, il les force à la logique, il nivelle tout autour de lui par la force de son refus et par la rage de destruction où l'entraîne sa passion de vivre. La passion de l'impossible est, pour le dramaturge, un objet d'études aussi valable que la cupidité ou l'adultère. La montrer dans sa fureur, en illustrer les ravages, en faire éclater l'échec, voilà quel était mon projet. Et c'est sur lui qu'il faut juger cette œuvre."
© Letizia Piantoni
La mort de Drusilla est chez Camus, le moment où tout bascule pour Caligula et l'empire romain. Le jeune empereur secoué par cette perte déclare « ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde ». Puisque la vie est absurde, que son sens échappe aux hommes, Caligula décide d'incarner le Destin que l'on ne comprend pas.
© Letizia Piantoni
La tyrannie qui lui est reprochée n'est finalement pas plus injuste que la vie elle-même. C'est ce qu'il veut prouver. Il décide de repousser les limites de l'impossible et de démontrer sa liberté, quitte à nier les autres qui l'entourent ou à faire abstraction des notions de Bien et de Mal. Cette histoire est celle de l'immense frustration d'un homme assoiffé d'absolu qui réalise finalement que son pouvoir ne lui permet pas de déjouer le destin. Cet échec le conduit à une mort qu'il accepte : "Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis à rien. Ma liberté n'est pas la bonne". Au bout de sa quête, il laisse les Patriciens, animés par la peur, la bêtise ou l'incompréhension (à l'exception de Cherea qui connaît ses motivations profondes), mettre fin à sa vie.
© Letizia Piantoni
L'auteur se défendait d'avoir écrit une pièce philosophique. Et la version de Stéphane Olivié Bisson, si elle donne à réfléchir, colle exactement avec sa volonté de faire vivre des personnages de chair et de sang devant nous. Le Caligula de Bruno Putzulu n'est pas un tyran. C'est un homme déchiré toujours sur le fil du rasoir entre enfance et despotisme. Entre soif d'absolu et désillusions. Entre violence et fragilité. L'une ou l'autre de ces facettes surgissent tour à tour pendant les deux heures trente du spectacle.
- © Letizia Piantoni
Le Caligula de Stéphane Olivié Bisson met en scène une troupe de comédiens qui ne sombre jamais dans la caricature. Toutes les réactions humaines que suscitent la tyrannie ou la peur sont représentées en eux. A n'en pas douter, la pièce est toujours en résonance avec notre époque.
Caligula
Albert Camus
Mise en scène Stéphane Olivié Bisson
Avec
Bruno Putzulu : Caligula
Gauthier Baillot : Cherea
Claire Hélène Cahen : Drusilla
Clément Carabédian : 2ème patricien
Pascal Castelletta : 1er patricien
Patrick d’Assumçao : Hélicon
Jean de Coninck : vieux patricien
Maxime Mikolajczak : Scipion
Cécile Paoli : Caesonia
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Rencontre avec Franck Delautre
Reportage à la Minute 16 de l'émission
Depuis 2002, date de son arrivée à Amiens, Franck Delautre flâne dans la ville avec son appareil photo. Ses sujets de prédilection sont l'Homme et le chien ou les monuments amiénois. Plus enclin à photographier en noir et blanc, il s'est mis récemment à la couleur et travaille aussi bien en numérique qu'en argentique. Ses influences sont multiples mais ses photographes préférés sont Brassaï et Eliot Erwitt.
Après avoir commencé à publier ses photos dans Veilleur de Nuits (Martelle Éditions), ouvrage dans lequel Philippe Lacoche romançait ses souvenirs (en savoir plus) Franck Delautre poursuit l'aventure de l'édition avec Amiens, coups de coeur d'un photographe (Ed. Delattre).
Ses clichés sont tantôt graves avec des portraits de marginaux dans le dénuement, tantôt légers quand ils mettent en scène des animaux facétieux par exemple. Ils ne laissent jamais indifférents. Ils figent le temps sur une réalité qui nous échappe souvent, pressés que nous sommes de vaquer à nos occupations. Ils nous révèlent aussi sous un nouveau jour des monuments qui font partie de notre paysage amiénois et auxquels, finalement, nous ne prêtons plus tellement attention.
Les photos de Franck Delautre brisent nos routines, elles nous invitent à regarder ce qui est sous nos yeux et que nous ignorons la plupart du temps. Elles émeuvent ou font sourire. Elles nous incitent à faire une pause.
Franck Delautre aime échanger sur sa passion et connaître les réactions du public à ses photos. Nous l'avons filmé lors d'une séance de dédicaces à la Fnac, l'occasion pour lui de discuter et de rencontrer des gens... sans appareil photos entre les mains!
Son prochain livre Amiens à l'Heure Bleue (Engelaere Éditions) dont les textes sont signés Claude Tillier, sortira le mois prochain. Il concerne les monuments de la ville entre chien et loup, quand la lumière décline et que la ville s'éclaire. Franck Delautre exposera en outre au Carlton d'Amiens du 04 mars au 04 avril 2011.
Consultez le blog de Franck Delautre
Fnac Amiens
12, rue des Trois Cailloux - 80000 Amiens
Téléphone : 0825 020 020
Télécopie : 03 22 22 48 99
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