Rencontre avec Denis Podalydès pour Le Cas Jekyll
À l'origine il y avait un livre :
La nouvelle de Stevenson, qui a tant et tant nourri l'imaginaire collectif, est adaptée par Christine Montalbetti - romancière - et devient au théâtre Le Cas Jekyll. La pièce est créée à la Maison de la Culture d'Amiens, que dirige Gilbert Fillinger depuis 2005. Elle est mise en scène et jouée par Denis Podalydès.
Denis Podalydès est sociétaire de la Comédie Française depuis 1997. Son parcours est brillant, tant au théâtre qu'au cinéma où il joue souvent sous la direction de son frère, Bruno. Son humilité est à la mesure de son talent. Il nous reçoit dans sa loge au lendemain du spectacle, en toute simplicité.
Avec Le Cas Jekyll, il est seul en scène pour la première fois. Et le rôle est exigeant. Il y a la dualité de son personnage : la folie et la perversité toujours sous-jacentes en Jekyll contre l'honorabilité qui s'efforce de résister. Le passage de Jekyll à Hyde, et inversement, est toujours subtil et jamais total. Un simple geste, ou un mot, peuvent trahir la présence de l'un en l'autre.
© Elisabeth Carecchio
Et il y a ce texte riche, percutant et drôle, qui fait du public l'interlocuteur privilégié de Jekyll (comme l'avoué M. Utterson dans la nouvelle originelle). Podalydès joue en permanence sur le fil du rasoir. Le public est saisi d'effroi jusqu'à la chair de poule. Et dans le même temps, il rit beaucoup. C'est la prouesse de ce spectacle et du texte de Christine Montalbetti. Il n'y avait pas d'humour dans la nouvelle de Stevenson. Elle l'introduit dans son adaptation. Le cynisme de Mister Hyde et sa cruauté sont tellement assumés, voire revendiqués, que le personnage séduit. Étrangement...
© Elisabeth Carecchio
Le Cas Jekyll sera jouée au Théâtre Chaillot (salle Gémier) du 7 au 23 janvier 2010. Avant de partir en tournée en France. Une performance à ne pas manquer.
Poursuivre avec Denis Podalydès
Épris de littérature bien avant d'être comédien, Denis Podalydès est également écrivain. Il est notamment l'auteur de Voix Off, Prix Femina Essais en 2008. Son autoportrait s'y dessine à mesure qu'il évoque les voix de tous ceux qui ont fait sa vie, privée ou publique. Elles sont vivantes ou déjà éteintes. Elles réveillent ses souvenirs. Il nous donne à les entendre les unes et les autres. Elles nous donnent à mieux le connaître. Et l'on se demande quel talent manque à cet homme-là ?! (Jérôme Garcin l'a bien écrit : tout ce qu'il touche, Denis Podalydès en fait du métal précieux
.) Et il nous l'a assuré : il y aura d'autres livres !
...je n’y suis plus pour personne sinon pour ceux qui m’écoutent. Ils contribuent, par leur attention, leur protection silencieuse, à mieux me séparer des autres, et de moi. Je n’y suis plus pour personne. Je lis. (Voix Off).
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