Fourmies la Rouge d'Alex. W. InkerFourmies la Rouge d'Alex. W. Inker

"On est nombreux t’sais, la mère ! Et c’est jour de fête aujourd’hui. Ça aussi, c’est not’droit. Et j’irai cueillir mon mai ! Et tu verras t’à l’heure. C’est ta fille qu’aura le plus beau !" Fourmies la Rouge (Sarbacane) d’Alex. W. Inker

Dans son album paru il y a un an, Alex. W. Inker se penche, à l’encre noire et rouge, sur un épisode tragique. Le 1er mai 1891, les ouvriers de Fourmies, cité textile du Nord, sont mobilisés pour faire valoir leurs droits : la journée de 8 heures notamment. Les grévistes, pacifiques, ont répondu à l’appel du Parti Ouvrier. Le patronat s’oppose à un "Programme qui amènerait à courte échéance la ruine de l’Industrie du pays (celle des patrons et aussi sûrement celle des travailleurs)".

L’atmosphère, d’abord festive, se tend après l’arrestation d’un groupe d’ouvriers par la gendarmerie. Les 84e et 145e régiments d’infanterie de ligne sont en position sur la place. La population connaît bien ces soldats cantonnés à proximité. "Vive l’armée !" s’exclame-t-elle. Mais lorsque la foule lui fait face, la troupe reçoit l’ordre de tirer : 9 personnes sont tuées, 35 blessées, parmi lesquelles des femmes et des enfants.

Fourmies la Rouge d'Alex. W. InkerFourmies la Rouge d'Alex. W. Inker

Alex. W. Inker livre un récit puissant de cette journée, du lever du jour au bain de sang final. Il s’attache à des personnages dont le destin va basculer : Maria, jeune ouvrière en grève, Kléber, le porte-drapeau, Louise, son amoureuse et le petit Émile, manière de Gavroche. Ils s’expriment dans le patois local. Deux soldats, l’un qui va refuser de tirer, l’autre décidé à en découdre, sont aussi mis en scène.

L’auteur connaît bien la ville : "je viens de Fourmies. Deux fois par jour, quand j’allais à l’école, puis au collège, puis au lycée, je traversais la place où la fusillade a eu lieu." Dans son album, il n’évoque pas les suites de la tragédie qui a connu un large retentissement, mais s’emploie à nous décrire avec brio l’enchaînement des faits et leur accélération, jusqu’au massacre des Fourmisiens. Sa lecture nous laisse submergé(e)s de tristesse, et d’incompréhension. Son hommage vise juste. [Photos : Écomusée de l’Avesnois à Fourmies]

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