Dimanche 10 février 2013 avait lieu à Amiens la dernière du Cid de Pierre Corneille, créée à la Comédie de Picardie par Sandrine Anglade. Classique parmi les classiques, Le Cid est une tragi-comédie en cinq actes et en vers, représentée pour la première fois en 1637 dans une version que Corneille modifiera par la suite.
Chimène et Rodrigue s'aiment et sont promis l'un à l'autre. Mais don Diègue, père de Rodrigue, est choisi par le roi pour devenir percepteur du prince. Don Gomez, comte de Gormas et père de Chimène, en éprouve une vive jalousie. Lors d'une altercation avec son vieux rival, il lui donne un soufflet auquel don Diègue, trop âgé, n'est pas en mesure de répondre. Humilié, il demande à son fils de venger son honneur blessé ("Rodrigue, as-tu du coeur ?").
Le dilemme est cornélien pour le jeune amoureux. Soit il accepte et perd l'amour de Chimène en combattant son père, soit il refuse la vengeance et laisse la honte s'abattre sur sa famille. Une honte qui le rendra indigne d'être aimé... Il fait le choix de l'honneur, et tue le comte en duel. Chimène, effondrée, fait taire ses sentiments pour Rodrigue et demande justice au roi. Le jeune homme, son devoir accompli, offre à Chimène de lui ôter la vie. Elle ne peut s'y résoudre...
© Pascal François / Alain Rauline
"D. Rodrigue : Au nom d'un père mort, ou de notre amitié,
Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
À mourir par ta main qu'à vivre avec ta haine."
Chimène : Va, je ne te hais point.
D. Rodrigue : Tu le dois.
Chimène : Je ne puis."
Pauvre Chimène, écartelée entre l'amour qui la dévore, et la fidélité à son père qui lui impose de rejeter - et faire châtier - son meurtrier ! Comment respecter nos parents, leur mémoire, leur volonté ? Quels sacrifices consentir pour eux ? Faut-il obéir au devoir quand l'amour est en jeu ?
Rodrigue à don Diègue : "Mon bras pour vous venger, armé contre ma flamme, par ce coup glorieux m'a privé de mon âme. Ne me dites plus rien ; pour vous j'ai tout perdu : ce que je vous devais, je vous l'ai bien rendu." Le jeune homme n'a pas manqué de courage pour honorer son père. C'est grâce au même courage qu'il reconquiert Chimène. Après de nombreux rebondissements, l'amour triomphe enfin... et l'honneur reste sauf.
Sandrine Anglade a pris le parti d'une mise en scène épurée qui sert finement le texte cornélien. Sur scène, une batterie rythme régulièrement les répliques, souligne ou renforce l'intensité de certains échanges. Elle accompagne les combats. Question décor, la sobriété est de mise. Des grilles mobiles au centre du plateau, quelques chaises sur lesquelles sont assis les comédiens qui ne sont plus en scène, une lumière très soignée.
La diction de l'alexandrin et le jeu des acteurs sont impeccables. Sans ostentation, ils rendent palpables leurs déchirements intérieurs. Les émotions et les troubles sonnent juste. Le théâtre versifié de Corneille peut-il encore nous parler en 2013 ? Résolument, oui.
© Pascal François / Alain Rauline
Damien Houssier (Don Rodrigue), Pierre-François Doireau (Gentilhomme castillan),
Gérard Hardy (Don Fernand, roi de Castille), Sterenn Guirriec (Dona Urraque, l'Infante),
William Edimo (Don Sanchez) et Nicolas Larmignat (batterie).
PROCHAINES DATES
- Mercredi 13 février à 20h30 & Jeudi 14 février à 20h30 - La Passerelle de St Brieuc (22)
- Du Mardi 19 février à 20h30 au Samedi 23 février à 20h30 - Théâtre de St Quentin en Yvelines (78)
- Mercredi 6 mars à 20h30 & Jeudi 7 mars à 14h30 - Le Splendid à Saint-Quentin (02)
- Mardi 19 mars à 14h30 & Mercredi 20 mars à 20h - Les Cordeliers à Romans (26)
- Mardi 9 avril - Théâtre Municipal d'Abbeville (80)
- Vendredi 12 avril à 20h30 - L'Ermitage-Compostelle au Bouscat (33)
- Mardi 23 avril à 20h45 - Olympia à Arcachon (33)
62 rue des Jacobins - 80000 AMIENS
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Billeterie Lun au ven : 13h - 19h - Sam : 13h - 18h
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