La série de bande dessinée Supers (Ed. de la Gouttière) de Frédéric Maupomé (scénario) et Dawid (dessin et couleur) affiche désormais trois tomes au compteur. Lancées en 2015 (voir article ICI), les aventures de Mat, Lili et Benji, frères et sœur aux supers pouvoirs abandonnés sur Terre par leurs parents loin de leur planète, tiennent toujours le lecteur en haleine.
Après avoir tenté de se faire discrets pour vivre comme les enfants de leur âge, les supers ont changé de stratégie. Comment rester insensibles à la détresse de ceux que l'on peut sauver ? Dans Héros, le tome 2, les enfants choisissent d'user anonymement de leurs pouvoirs pour venir en aide à la population. Peu compatibles avec le collège, leurs activités finissent par attirer l'attention. Celle des services sociaux et celle de l'inspecteur Lesec, en charge de l'enquête sur le pyromane qui sévit dans la ville.
Dans le tome 3 intitulé Home sweet home, nos jeunes héros ne sont pas au bout de leurs peines. Les évènements dramatiques s'enchaînent, obligeant la fratrie à se mettre en danger. Bien que destitué de l'enquête qui l'a mis sur leur piste, Lesec continue à s'intéresser à eux : "Écoutez-moi, je sais que vous êtes... différents. Que vous avez aidé tous ces gens. Mais que maintenant vous avez peur et que vous avez besoin d'aide." Faut-il lui faire confiance ?
Dans leur fuite un tantinet désespérée, nos super-héros rencontrent Roger et Momo, deux sans-abri qui leur viennent en aide. En pleine période de fêtes, des conditions de vie difficiles s'ajoutent au sentiment d'isolement des enfants éloignés de leur famille. La question de l'abandon est au coeur de la série. Alors que l'impitoyable agent Delgado et ses hommes intensifient leur traque, Mat l'aîné (dont le cœur bat toujours pour la précieuse Jeanne) doit trouver à tout prix le moyen d'assurer leur survie.
La solidarité a beau être à l’œuvre dans ce troisième tome sous haute tension, peu de répit est laissé aux enfants. L'émotion est juste chez Maupomé, sans mièvrerie, et nos super-héros ont bien du mal à savoir quelle attitude adopter - entre confiance et rejet - avec les adultes qui s'intéressent à eux.
Toujours séduisant, le dessin de Dawid se prête aussi bien aux scènes d'action qu'aux atmosphères intimistes. Les couleurs qu'il réalise à l'ordinateur ont une valeur narrative, aidant le lecteur à distinguer les environnements, le passé et le présent, le rêve et la réalité. Initialement prévue en quatre volumes, la série (conseillée à partir de huit ans) devrait se prolonger en cinq tomes pour développer l'histoire autour de l'inspecteur Lesec qui a pris plus d'importance que prévu.
Samedi 2 décembre 2017 au Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Dawid et Maupomé remettaient le prix Jeunesse-ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée présidée par Fabrice Piault) à Pascal Jousselin pour Imbattable, tome 1, Justice et légumes frais (Ed. Dupuis). Le lauréat s'est vu offrir deux planches originales et inédites dans lesquelles les supers évoquent, non sans humour, le 9e art et l'ACBD.
En 2016, c'est le tome 2 de Supers qui était récompensé lors de la première édition de ce prix visant à "soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée destiné au jeune public, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie". Une belle reconnaissance de la part des professionnels. Pour retrouver Mat, Lili et Benji, et (peut-être) en savoir plus sur ce qui est arrivé à leurs parents, il faudra attendre août 2018.
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