Lumières d’hiver, troisième édition du festival littéraire organisé par le Réseau des médiathèques du beauvaisis du 6 au 8 février 2025.
Samedi 8 février 2025, j’ai eu le plaisir d’animer la table ronde « Actualités du Moyen Âge », qui se déroulait sur ce thème en l’honneur des 800 ans de la cathédrale de Beauvais. Avec Emanuele Arioli, parrain du festival, chercheur à l’université autonome de Barcelone et maître de conférences en langues et littératures médiévales, Véronique Dominguez-Guillaume, professeure en langue et littérature du Moyen Age à l’UPJV et Carole Martinez, romancière dont les magnifiques livres (Gallimard) : Du domaine des Murmures (2011) et La Terre qui penche (2015) nous plongent dans l’époque médiévale.
Emanuele Arioli est revenu sur sa redécouverte du chevalier au dragon, Ségurant Le brun, un chevalier de la table ronde tombé dans l’oubli dont il a mis dix ans à reconstituer l’histoire dispersée dans 28 manuscrits à travers sept pays. Une histoire qu’il a traduite en français moderne et déclinée sous différentes formes (roman, documentaire Arte, album jeunesse, bande dessinée) afin de la faire connaître à un large public.
Avec Véronique Dominguez-Guillaume, nous avons évoqué la persistance du médiéval dans notre culture. Elle a commenté, en tant que spécialiste du théâtre médiéval du XIIe au XVIe siècle, et de ses résurgences et adaptations sur les scènes contemporaines, la désaffection dont souffrent les textes médiévaux hors de la communauté des chercheurs.
Nous avons abordé la question de femmes au Moyen Age, notamment à travers les héroïnes fictives de Carole Martinez qui, ayant vécu au château des Murmures (Esclarmonde la recluse au XIIe siècle, et Blanche de Chaux au XIVe siècle) racontent leurs histoires par-delà le tombeau… La rencontre s’est terminée par un échange sur les cathédrales, et la découverte par l’INRAP, d’éléments du jubé que l’on croyait perdus sur le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris.
« Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l’oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n’imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi. » Du domaine des Murmures (Gallimard) de Carole Martinez