L'art de ne pas lire d'Élisa Sartori #11marsjelis

« Les personnes dyslexiques - les seules qui pourraient me comprendre, mais qui ne me liront peut-être pas - savent combien c'est frustrant de se voir offrir un livre. Qui plus est un livre de « disons » 300 pages remplies de lettres minuscules, nos ennemies jurées. »

Le Quart d’heure de lecture national proposé par le Centre national du livre, c’est aujourd’hui.

Pour cette édition, j’ai choisi L’art de ne pas lire (CotCotCot éditions) d’Élisa Sartori, traduit de l’italien par Anne Brunet. Un projet né lorsque l’autrice avait 20 ans, et qui a connu plusieurs vies avant d’être édité en 2024 par CotCotCot, fantastique maison bruxelloise créée par Odile Flament en 2011. Dans ce livre illustré, Élisa Sartori explique avec franchise quel cadeau empoisonné peut représenter un livre pour une personne en difficulté avec la lecture. 

Ce malaise initial, elle le dépasse cependant (« j’ai finalement trouvé quoi faire de tous ces livres que je n’ai pas lus et que je ne lirai probablement jamais ») et s’offre la revanche d’en publier à son tour, prouvant qu’une « dyslexique qui n’a pas réussi à lire décemment avant ses dix ans » peut aussi s’approprier l’objet, et même « avec modération », la lecture. Ses illustrations centrées sur la relation corps-livre, ont été réalisées à la tablette graphique à partir de photographies de la danseuse Bianca Zueneli.
 

J’ai une pensée, en cette 4e édition du #11marsjelis placée sous le slogan : « Éteignez votre portable, allumez votre cerveau, lisez ! », pour les publics empêchés. Les porteurs de troubles dys, les personnes en situation d’illettrisme ou de handicap, et tous ceux qui d’une manière générale, n’ont pas accès au plaisir de lire. Lorsque nous évoquons avec enthousiasme les horizons merveilleux que nous ouvre la littérature, n’oublions pas ceux pour qui ces horizons semblent inatteignables. 

[J’ai acheté ce livre au 23e Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale organisé par l’association Colères du présent à Arras le 1er mai 2024. Ce salon, un temps fort de la vie littéraire en région, vivait sa dernière édition 😢.]