10e Salon du Livre d’Abbeville organisé par l'équipe des médiathèques à l’espace culturel Saint-André, 8 et 9 mars 2025. Rencontre-lecture avec Ella Balaert et Samira El Ayachi animée par Hélène Hochart.
Samira El Ayachi : Mon roman Les femmes sont occupées (Éditions de l'Aube) reposait sur un constat. Je voyais beaucoup de femmes courir autour de moi, je ne savais pas pourquoi elles couraient. Et puis je suis devenue comme elles. Dans mon enfance, quand je rêvais d’être romancière, je n’imaginais pas que le simple fait d'être née femme, allait avoir autant d'impact sur ce rêve. On ne m’avait pas prévenue ! […] La question de la mère célibataire n'est que le miroir grossissant de ce que l’on attend en priorité d'une femme, à savoir qu'elle prenne soin de la sphère domestique. Mais quid de sa participation à la vie publique ? De sa volonté peut-être, d'accomplir un rêve ? […] A un moment, l'héroïne formule l’inavouable : le fait qu’être avec son enfant l'empêche de faire ce qu'il y a de plus important pour elle. C'est une chose impossible à dire. Pourtant elle le dit, et elle lève un tabou. »
Ella Balaert : « Dans Le Contrat (Éditions des femmes) il y a ce viol initial qui est tu, que Marie-Madeleine va porter toute sa vie et dont elle va réussir à faire quelque chose. Parce qu'il faut bien se raconter sa vie en des termes qui la rendent vivable. Je crois que l’on a tous besoin de se raconter sa vie dans des termes qui nous la rendent habitable. Il faut juste trouver les bons termes, et cela peut être une bonne aide que d'écrire. […] La honte est présente dans mon récit, De plume et d’ailes (Éditions des femmes) un texte très autobiographique. Ella Balaert est un pseudonyme mais pendant trente ans, personne ne le savait en dehors de la famille. La question du nom est importante dans mes textes depuis toujours. J’avais récolté beaucoup de matière, et j’ai souhaité écrire là-dessus. Quand j'ai commencé à travailler, spontanément, je me suis dit que j’allais avouer que je porte un pseudonyme. Comme si c'était une faute. La honte est enracinée. On a plein de lieux d'écriture, mais la honte en est un très profond. »