« Ce chien me réapprend à lire le vivant qui nous entoure. A écouter la musique de la nature… ses amplitudes… ses respirations… ses mystères. Moi qui ne vois que le visible. »
L’auteur de bande dessinée José Luis Munuera était à la librairie Martelle d’Amiens le 17 juin 2025 pour présenter Son odeur après la pluie (Le Lombard), l’album adapté du roman éponyme de Cédric Sapin-Defour (Stock, 2023) au cours d’un entretien avec le libraire Guillaume Girault.
« Deux espèces distinctes qui se rapprochent, qui se découvrent et qui s’attachent avec intensité », l’histoire de Cédric, professeur d’EPS en Savoie et de son bouvier bernois Ubac, a immédiatement plu à José Luis quand son éditeur lui en a suggéré l’adaptation. Lorsqu’il s’est lancé dans le travail, après une lecture qui l’a ému aux larmes, il connaissait l’enjeu. « Le tour de force était de ne pas trahir l’émotion que ce livre arrive à transmettre. Il ne s’agit pas tant de la réalité des faits, j’ai transformé quelques éléments de son vécu. Mais Cédric a raconté une histoire fortement intime et personnelle, et il a une écriture très poétique que je devais retranscrire en dessin. Dès le départ, il s’est montré très ouvert, humble et respectueux de ma mission, sans mettre de ligne rouge. »
Pas question qu’Ubac ait l’air d’un personnage de dessin animé, Munuera tenait à ce que le chien soit au même niveau que les humains. On retrouve ici Cédric et sa compagne Mathilde. Et de nouveaux personnages : les grands-parents d’adoption Marie et Ferdinand, qu’il a créés pour personnifier les sentiments d’amour et de perte que Cédric éprouve vis-à-vis de son chien. L’auteur a souhaité articuler le livre autour de trois piliers : l’effort amoureux qui consiste à regarder le monde à travers les yeux de l’autre, la formation d’une famille par élection et non par les liens du sang, l’exercice cathartique que représente l’écriture lorsqu’il s’agit de surmonter le deuil et le chagrin.
Mixant les techniques numériques et artisanales (aquarelle, crayon graphite), José Luis a délégué la mise en couleurs de l’album à Sedyas en qui il a toute confiance. Dans sa postface, Cédric Sapin-Defour évoque avec beaucoup de reconnaissance l’adaptation de Munuera : « en ce qui me concerne, il a ouvert grand la porte de la mémoire heureuse ».