L'Origami en poésie de Nathalie Boniface-Mercier
17 oct. 2025Nathalie Boniface-Mercier était à la librairie Pages d’encre d’Amiens le 15 octobre 2025, pour présenter Origami (Unicité), son deuxième recueil de poésie, au cours d’un échange avec le libraire Stéphane Hun. Après L’Engrangeoir (La Chouette imprévue, 2021), un premier recueil qui se nourrissait de ses souvenirs d’enfance à la campagne, auprès de ses grands-parents, elle propose ici une vingtaine de poèmes organisés selon trois thèmes : « Origami », « Nuits », « La rempailleuse des jours ». Certains ont été écrits il y a vingt ans, d’autres tout récemment.
« La thématique que j'ai appelée "Origami" est un peu intimiste, confesse-t-elle, quelquefois autobiographique. Sur les états de l'âme avec ses variations, de la joie à la tristesse ou de la tristesse à la joie. J'ai plutôt commencé par la tristesse et conclus cette partie sur la joie, un élan d'espoir. La deuxième partie est intitulée "Nuits". Je suis de nature insomniaque, cela doit jouer aussi dans mon tempérament parfois mélancolique… et pas toujours serein ! Mais tous mes poèmes sur la nuit ne sont pas liés à l'insomnie. Enfin, "La rempailleuse des saisons", est consacrée effectivement au rythme des saisons. Je suis très proche de la nature, ce que j'évoquais déjà dans L'Engrangeoir. Je suis une petite fille d'agriculteur, c'est une histoire familiale qui me tient à cœur donc je rends encore hommage à la nature à travers ce recueil. »
Professeur de français dans un collège de la Somme, Nathalie Boniface-Mercier a aussi publié des nouvelles, des romans, et un récit sur le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Mais l’écriture poétique est tout à fait différente pour elle, beaucoup plus fulgurante : « ça surgit, ça sourd du fond de mon imagination, de ma tête pleine de mots sans doute, parce qu'on écrit avec des mots, avant d'écrire avec des images. »
Dans Origami, les états d’âme souvent, trouvent leur expression poétique dans des images en lien avec la nature : « Les jours sans consolation / Se tapissent / Dans les zones sombres de notre mémoire / Fermentation / Champignonnière de l’âme / Trompettes-de-la-mort / Tous les souvenirs sont-ils bons à cueillir ? » Le vocabulaire lié à la vie rurale que l’autrice affectionne, est semé ici et là dans le recueil : le rabot, la cognée, « le pressoir du temps, « la battue des heures », les glèbes, la provende, la bogue, la faîne… autant de mots qui la relient au passé et à l’enfance. Le passage des années d’ailleurs, avec son lot de pertes, semble parfois peser : « La vie fugace / S’en est allée », « Le temps traverse mon cœur »… Une douce mélancolie irrigue tout le recueil qui cependant ne cède, jamais au désespoir : « Il faut laisser s’endormir les peines. »
« Automne à pas lents sous mon crayon de bois / Automne sceau frappé sur la feuille / Page blanche jonchée de faînes. / Sous les fougères, / une odeur de vieille maison. / Des girolles en bonnet de nuit / Soufflent la chandelle / Et le chagrin sans amant / Du gel se languit / Tandis que la pluie ruisselle.
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