Jeudi 24 février 2022 à partir de 19h30 au Ciné St-Leu à Amiens, le Pôle bande dessinée Hauts-de-France propose une soirée CIN&BD sur la vie de la Résistante Madeleine Riffaud, en partenariat avec l’association Centre de Mémoire et d’Histoire de la Somme, et le Ciné St-Leu. (Tarif 4 €, réservations ICI).
À l’issue de la projection du documentaire, Avoir 20 ans en août 1944 (Doriane Films, 2004) réalisé par Jorge Amat, et d’une interview de Madeleine Riffaud filmée par l’association Centre de Mémoire et d’Histoire, j’aurai le plaisir et l’honneur d’animer la rencontre avec le documentariste Jorge Amat, et les auteurs de la bande dessinée Madeleine, Résistante (Dupuis/Aire Libre) : Jean-David Morvan (co-scénariste avec Madeleine Riffaud) et Dominique Bertail (dessinateur). Le premier tome de la série intitulé La Rose dégoupillée est paru en août 2021. Les scénaristes ont reçu le Prix René-Goscinny du meilleur scénario 2022 remis en partenariat avec le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, qui organisera une exposition sur l’album en 2023.
Née le 23 août 1924 à Arvillers dans la Somme où elle grandit auprès de ses parents instituteurs, Madeleine Riffaud n’a que dix-sept ans lorsqu’elle s’engage dans la Résistance sous le nom de "Rainer", un alias en hommage à l’écrivain autrichien Rainer Maria Rilke (1875-1926). Elle entre dans les FTP (Francs-tireurs et partisans) en 1944. Après avoir été arrêtée, torturée, condamnée à mort, elle reprend ses activités de résistante jusqu’à la Libération de Paris. La guerre terminée, elle devient journaliste et correspondante de guerre en Indochine, en Algérie, au Vietnam, fidèle à l’esprit de la Résistance qui l’anime toujours.
Elle publie une quinzaine de livres ; des essais, des reportages en tant que journaliste comme Au Nord-Vietnam : écrit sous les bombes (Julliard, 1967) ou Les Linges de la nuit (Julliard, 1974), ouvrage réédité chez Michel Lafon en 2021, dans lequel elle dénonce (déjà) les carences de l’hôpital public qui l’a embauchée sous un faux nom. Madeleine Riffaud est également poétesse. Elle commence à écrire dès l’âge de quinze ans ; certains de ses poèmes figurent dans la bande dessinée. Claude Roy publie quelques-uns de ses textes puis Paul Éluard, qu’elle rencontre le 11 novembre 1945, la met sur la voie du journalisme et fait éditer son premier recueil, Le Poing fermé (l'Ancolie, 1945) dont il rédige la préface : "Son courage se reflète dans ses poèmes, il les anime et son génie fait que c’est le courage de tous que nous entendons, la grandeur de tout un peuple qui chante ici, sa sensibilité et son intelligence, sa croyance au bien, au mieux."
En 1994, c’est Raymond Aubrac qui persuade Madeleine de témoigner de son engagement dans la Résistance : "Si tu continues à la fermer, tous nos camarades morts à dix-sept ans, personne ne s’en souviendra. C’est ça que tu veux ?" A partir de ce moment, elle se met à raconter ce qu’elle a vécu pour en transmettre la mémoire, avec le franc-parler qui la caractérise. Devant la caméra de Jorge Amat ou, pour la première fois en bande dessinée dans Madeleine, Résistante, elle livre des souvenirs qu’il est toujours essentiel de faire vivre, aujourd’hui en 2022. Le 24 février, une séance de dédicaces est prévue après la rencontre, et en amont de 16h à 18h à la librairie Bulle en stock (Amiens).
"J’ai peur de me tromper quand le vent dicte sa leçon. Quand dans la nuit, épars dans la nuit, Les mots de l’Ange montent Et s’éteignent Pareils à des fusées." Ange (juin 1942)