"Tu es ce sorcier envoûtant, la créature sauvage qui nous sonde un par un, ton regard dans le mien, s’arrête, soutient. Le monde s’agrandit, ce quelque chose qui nous relie." Ton absence (Rouergue jeunesse) de Guillaume Nail.
Damien, Tiago, Zachée, Karima, June, Mel et Léopold, le narrateur de l’histoire, se sont rencontrés à Saint-Valery-sur-Somme : "nous sept, à la vie à la mort. La « Coterie ». C’est Damien qui nous a baptisés ainsi il y a deux mois. Quatre garçons, trois filles, à peine connus qu’inséparables, le temps d’un stage BAFA." Les voici réunis, à Camon dans la Somme, prêts à partir pour Allanches, dans le massif du Cézallier où ils doivent suivre un module "course d’orientation" pour compléter leur formation. Le car est sur le départ quand un retardataire se présente, déposé en trombe par sa mère. Il s’appelle Matthieu. En un instant, la vie de Léopold bascule. Tout chez ce garçon l’attire, l’impressionne et l’émeut. C’est à lui qu’il s’adresse dans le livre en employant le "tu", sans que l’on sache s’il fait encore partie de sa vie. Mais rien n’est simple. Le charisme du nouveau fait de l’ombre à Damien, prêt à tout pour garder l’ascendant sur le groupe. Chez Léopold, tiraillé entre la Coterie et la passion (encore) inavouable qui grandit en lui, le malaise s’installe. "Moi, c’est pas de vagues, la mer tranquille et calme plat. J’ajoute rien. J’objecte rien. La lâcheté molle, oui." La tension monte au fil du livre, et autour de Matthieu, la menace rôde. "Est-ce que j’aurais pu dire stop et ne plus subir ? Est-ce que j’aurais pu, vaincre cette peur de ressentir les piques, les flèches et le sang qui coule ?"
À l’aise avec l’adolescence, Guillaume Nail livre un roman de 192 pages intenses, au cours desquelles la naissance de l’amour est décrite avec force, de même que les conflits intérieurs qui agitent le héros. Comment résister à l’effet de meute, affirmer un désir que d’aucuns jugent coupable, s’autoriser enfin, à vivre comme on le souhaite ? Paru dans la collection doado des éditions du Rouergue, Ton absence se dévore… le cœur battant.