Accueil enthousiaste à la Maison de la culture d’Amiens pour Zazie dans le métro, la comédie musicale mise en scène par Zabou Breitman d’après le roman de Raymond Queneau (Gallimard, 1959) sur une musique originale du compositeur Reinhardt Wagner. Produit par la Maison de la culture dont Zabou Breitman est artiste associée, le spectacle a été créé le 12 mars 2024, et s’en va désormais en tournée jusqu’à la fin mai.
La pièce raconte le week-end à Paris de Zazie, 12 ans, confiée par sa mère Jeanne à l’oncle Gabriel. Alors qu’elle rêvait du métro, l’enfant enrage d’apprendre sa fermeture, pour cause de grève : « Ah les salauds, ah les vaches. Me faire ça à moi. » Le ton est donné ! L’habile mise en scène de Zabou nous plonge dans le Paris populaire de la fin des années 50 : les touristes, les cabarets, entre humour loufoque, tendresse, frivolité et mélancolie. Zazie, dont la mère a fendu à la hache le crâne du père qui s’apprêtait à violer sa fille, ne s’en laisse pas conter. « Politesse mon cul », sa gouaille et son impertinence font mouche.
Mise en scène précise, jeu millimétré des comédiens/chanteurs, présence des musiciens directement sur scène, rien ne se perd du rythme et de l’énergie que Queneau insuffle à son histoire. Alexandra Datman a beaucoup travaillé la gestuelle des enfants pour s’imprégner du rôle de Zazie qui lui va comme un gant du haut de ses 22 ans. Elle forme avec Franck Vincent, l’oncle Gabriel « homosessuel », un duo très touchant.
Le 13 mars, la représentation était suivie d’un bord de scène avec une partie de l’équipe. Zabou a expliqué à cette occasion que les uns et les autres ne venaient pas des mêmes univers : « L’idée est d’avoir à la fin une troupe, et que tout le monde joue la même partition, interprète de la même façon un texte, une chanson. Il faut qu’il y ait quelque chose de soudé et de très commun dans la manière d’interpréter. » Objectif tenu, et pour le public : un vrai moment de bonheur. [Photos du spectacle © Christophe Raynaud de Lage]