128 pages
Éditions Rue de l'échiquier
Format : 30 x 22 cm
EAN : 9782374252322
18 juin 2020 - Prix 24,90 €
Résumé de l'éditeur : "Une balade poétique et artistique à travers les potagers urbains, pour les amateurs de jardin et les amoureux de la nature."
La crise sanitaire et le confinement ont rendu les jardins – et a fortiori dans l’espace urbain - plus précieux encore qu’auparavant. Pour ceux qui en étaient privés, leur manque s’est souvent fait sentir ; pour les autres, il a pu faire office de refuge, de réserve d’oxygène, de source d’approvisionnement, de dérivatif à l’attente... Le fait de pouvoir "consommer local" n’avait sans doute jamais semblé aussi important et utile qu’en cette période difficile.
Jardiniers des villes - Portraits croqués sur le vif (Ed. Rue de l’échiquier) est le fruit de deux ans de travail au cours desquels Raphaèle Bernard-Bacot s’est intéressée à ces hommes et femmes d’horizons très divers qui n’ont pas attendu la crise pour connaître la valeur des coins de nature rescapés, au cœur de nos cités. "Pour découvrir leurs motivations secrètes, indique-t-elle dans son avant-propos, je suis partie à leur rencontre, non pas pour les interroger, mais pour les dessiner. Je me suis promenée avec mes carnets, de jardin en jardin, à Paris et dans sa proche banlieue, et j’y ai cueilli quelques belles histoires qui pourraient nous inspirer."
En 128 pages et 54 planches de croquis à l’aquarelle, le livre rend compte de ces moments passés dans les jardins familiaux de Saint-Cloud, de Garches ou de La Plaine-Saint-Denis, à La Goutte Verte ou au Jardin du Ver Têtu à Paris, au Potager du Roi à Versailles, au Jardin du Café social à Montreuil… et dans près de trente lieux visités par l’autrice. Chaque double page est consacrée à un jardinier, ou à un tandem de jardiniers. À gauche, un texte d’une quinzaine de lignes plante le décor et à droite, le dessin agrémenté de quelques notes à l’écriture manuscrite, nous immerge dans le jardin.
"Il y a autant de potagers qu’il y a de jardiniers", affirme Raphaèle Bernard-Bacot. Vergers, fleurs, fruits, légumes… certains sont ordonnés comme celui d’Aimée où "tout est bien rangé" et "le potager de Monique [qui] inspire le respect. Elle aime le travail bien fait, les planches de culture bien alignées". D’autres, comme le Jardin du Ver Têtu, sont plutôt du style "univers de bric et de broc poétique et un brin surréaliste". Sur le plan technique aussi, chacun a sa méthode : Abdel est "le roi des métissages : passionné d’art de la greffe, il arrange entre les espèces des mariages insolites", Flore et Marie-Laure appliquent les principes de la permaculture, Catherine pratique la culture sur buttes tandis que Stanislas expérimente l’hydroponie pour son potager hors-sol.
Qu’ils soient ou aient été carreleur, enseignante, styliste, infirmière, cuisinière ou employé chez Dassault, nos jardiniers ont en commun leur attachement à la nature, au vivant, aux merveilles qui se déploient dans la ville à force d’efforts, de patience et de créativité. Ils cultivent seuls ou font partie d’associations comme Leroy sème à Paris ou l’association des femmes maliennes à Montreuil. Ils ont parfois fait de leur passion un métier. C’est le cas de Sébastien, créateur d’une "microentreprise de jardinage qu’il met au service des grandes". Parmi ses clients, la société BNP Paribas Real Estate qui a transformé en ferme urbaine les toits-terrasses de son siège social à Issy-les-Moulineaux. "Comme le stipule son contrat, Sébastien est aussi pédagogue et accompagne les employés qui souhaitent se détendre en plein air un sécateur à la main."
Le jardin, cela va de soi, favorise la convivialité. Jardins familiaux, partagés, on s’y isole parfois mais on s’y rassemble surtout, et ce n’est pas Paul, des jardins familiaux de Saint-Cloud, qui dira le contraire : "Le jardin, c’est pas seulement pour soi, je cultive les salades et les radis pour mes amis aussi". Idem pour Paule et Pierre qui se sont connus à La Plaine-Saint-Denis et qui depuis, sont inséparables ; l’homme vieillissant, est ravi d’avoir une nouvelle amie à qui "transmettre son savoir maraîcher et ses petits trucs de jardinier".
Dans les grandes villes où le lien social est souvent mis à mal, le jardin est donc un lieu idéal pour faire connaissance, parler à ses voisins, échanger des astuces, se retrouver entre amis… Il est propice aussi pour cultiver… ses propres racines. Marco a rapporté de son village natal de Ligurie (Italie) un jujubier qu’il a planté à Saint-Cloud. Ryan quant à lui, chouchoute un myrtillier Saskatoon qui lui rappelle son Canada d’origine !
Enfin, c’est l’une de ses vertus et non des moindres, le jardin fait du bien. Anne l’a compris, qui "a choisi d’aider les personnes fragiles à mieux vivre en jardinant." Infirmière de formation et fondatrice de l’association Belles Plantes, elle exploite avec les enfants autistes un terrain qui borde la cour de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Marie-Laure, de son côté, cultive "le thym, parfait antiseptique quand arrivent les premiers froids, la sauge antioxydante pour la digestion, la mélisse pour les insomnies."
Jardiniers des villes (Ed. Rue de l’échiquier) est un ouvrage instructif, élégant et plein de poésie. Comment ne pas être sensible aux trésors de la nature, à ses couleurs, et aux termes fabuleux qui désignent les plantes ? "Bonnets de grand-mère", "fleurs des elfes", "Bleue de Hongrie", "Téton de Vénus", "Grosse Mignonne", "queues-de-lièvre"… autant de mots qui à eux seuls, invitent à la rêverie ou à l’escapade.
À travers ses dessins qui foisonnent de détails plaisants, Raphaèle Bernard-Bacot, formée à l’École supérieure des arts graphiques de Paris, explore la diversité des liens qui unissent à la terre. Son livre rend un bel hommage aux jardiniers des villes dont Xavier Mathias, auteur et agriculteur lui-même, dit dans sa préface : "peut-être pouvons-nous les remercier de créer, avec tout leur cœur et leur énergie inaltérables, des respirations, des parenthèses de nature dans ce décor presque intégralement minéralisé."