« À l’époque des fondateurs, les jardins étaient un moyen de rendre la vie des ouvriers plus supportable. À présent, les jardins collectifs, familiaux ou partagés, offrent une réponse à la solitude des grandes villes parfois déshumanisées. Elle relie le citadin autant à la terre qu’à ses voisins. Et si le jardinier revient chez lui avec de bons légumes, c’est encore mieux ! » Jardins ouvriers, jardins de demain – Promenade dessinée (Cours toujours) de Raphaèle Bernard-Bacot
L’album cartonné de 80 pages mêle textes, croquis pris sur le vif et annotés dans des jardins partagés à Montreuil, Vaucresson, Versailles… et près de quarante photos d’archives qui nous replongent dans l’atmosphère des jardins ouvriers de la première moitié du XXe siècle. « Artiste inspirée par le végétal, » Raphaèle Bernard-Bacot nous emmène en promenade dans son dernier livre dont les héros s’appellent choux, chicorée, radis, haricots, citrouilles ou fleurs du potager. Dans un plaisant va et vient entre passé et présent, documenté par des ouvrages comme Le Jardin du Mineur (Société des mines de Lens, 1910) de l’ingénieur Arthur Choquet, elle rappelle comment on cultive tel ou tel légume, quels sont ceux qui ont disparu, quelles techniques pour préserver les sols, quels outils pour les travailler… « Solidarité, respect de la terre, autonomie alimentaire… Et si les jardins ouvriers, nés au XIXe siècle, pouvaient encore inspirer les jardiniers d’aujourd’hui ? »
Les temps ont certes changé depuis que Félicie Hervieu à Sedan en 1889, et l’abbé Jules-Auguste Lemire, député et Maire d’Hazebrouck en 1896, ont imaginé de mettre des jardins à cultiver à la disposition de familles modestes. L’industrie tourne alors à plein régime, les conditions de travail sont rudes, « l’objectif était avant tout de pallier la détresse physique et morale. » En 1952, les jardins ouvriers deviennent familiaux puis collectifs. Vecteurs de lien social et écologiques, ils ne cessent aujourd’hui de se réinventer.